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Sondez !

Sondez !

Chacun de nous est conscient de l’importance et de la nécessité d’effectuer un sondage avant toute action de pêche. Cette tache souvent rébarbative est cependant primordiale si l’on souhaite pouvoir déterminer quelles seront les zones qui accueilleront nos montages, et qui, nous l’espérons secrètement, sera à l’origine de nombreux départs.

 

 

Pourquoi ?

Dans la majorité des cas, il nous est pour ainsi dire impossible de déterminer la nature du fond ou bien son dénivelé par une simple observation de la surface de l’eau. Bien qu’il nous arrive quelque fois de distinguer ça et là des herbiers affleurant la surface ou encore de pouvoir extrapoler la profondeur du fond en se basant sur la topographie de la berge, rien ne laisse trahir la présence d’une zone propice à la dépose d’un montage. C’est pourquoi l’action de sonder nous est si vitale.

Nous ne nous étendrons pas sur l’exploration du fond à l’aide d’une embarcation, méthode qui mériterait à elle seule un article complet, mais nous nous focaliseront sur le sondage à la canne qui, de plus, peut être mis en œuvre sur n’importe quel plan d’eau. Cette technique de sondage reste une des plus précise, elle permet non seulement de pouvoir déterminer la hauteur d’eau mais aussi de  nous renseigner sur la nature du substrat.

Un secteur à pêcher qui doit nous délivrer ses secrèts !

Ce plan d'eau recèle peut-être un haut-fond prometteur ou une modification de substrat intéressants à pécher…

 

Le matériel

Nul n’est besoin de posséder un attirail à faire pleurer son portefeuille, il suffit d’employer une canne, un moulinet ainsi qu’un plomb et un flotteur. Détaillons plus précisément ces quatre accessoires.

Même s’il existe chez plusieurs grandes firmes des cannes développées spécialement à cette intention, une canne à carpe de puissance raisonnable (moins de 3lbs) convient parfaitement. Il suffit simplement qu’elle dispose d’une action suffisamment souple pour pouvoir détecter les aspérités du fond. En effet, les « triques » et autres cannes destinées à convoyer des montages hors des limites du commun des mortels, peuvent ne pas être suffisamment sensibles.

 

Concernant le moulinet à employer, peu de pré requis, mis a part qu’il doit posséder une contenance minimale de 150 mètres. Préférez l’emploi de la tresse au nylon, afin de ne pas être pénalisé par l’élasticité d’un mono filament lorsque le plomb raclera le fond pour distinguer les changements de substrats. Le diamètre de cette dernière sera assez fin (22 à 30 centièmes) afin de pouvoir sonder éventuellement à longue distance.

 

Les plombs spécifique sondage type « Explorateur » avec picots restant chers, ils seront avantageusement remplacés par des plombs rivières type Big-Grippa Korda ou Fox Kling On, qui disposent des mêmes propriétés agrippantes pour bien « sentir » le fond. Pour obtenir une sensibilité accrue, vous pouvez également retirer le revêtement en plastique sur les picots du plomb.

Il existe également des plombs de surf casting agrémentés de grappin qui peuvent jouer le même rôle en permettant parfois de mieux déterminer la densité ainsi que la nature d’herbiers. Ces plombs pourront également être utiles afin de délimiter précisément un arbre immergé sans y laisser son stock de plomb. En effet, les grappins sont généralement souples ou articulés et permettent de récupérer son montage plus facilement.


Différents modèles de plombs pour sonder.

A gauche, le plomb "Explorateur" développé spécifiquement pour sonder et, à droite, une alternative moins onéreuse mais tout aussi efficace...

Il existe de nombreuses formes de flotteurs longues ou courtes, trapues ou effilées, de diverses matières (balsa ou matière plastique) qui apportent chacun leur lot de spécificités. Les différentes couleurs disponibles permettent également de faciliter la visibilité selon les conditions d’ensoleillement. Libre à vous de faire votre choix, cependant il faudra prendre en compte deux facteurs : la distance a laquelle vous souhaitez sonder ainsi que la profondeur moyenne à sonder. Pour la longue distance préférez les formes effilées mais avec suffisamment de portance pour pouvoir remonter à la surface lorsque une bonne quantité de bannière est sortie. Les profondeurs importantes nécessiteront également une bonne portance apportée principalement par les formes trapues.


Différents modèles de marker float !

Le montage que j’utilise pour sonder est constitué des éléments suivants : un oeillet du type « Running-Rig » est enfilé sur la tresse. Celui-ci étant relié au plomb par un morceau de lead-core dont on aura préalablement retiré l’âme en plomb. Ceci afin de permettre en remontée correcte du flotteur si le plomb traverse un lit d’algues et éviter qu’il ne se bloque dans la végétation. Le flotteur sera noué en bout de tresse venant en butée de la bague « Running-Rig ». On pourra protéger le nœud de liaison du flotteur par l’adjonction d’une perle caoutchouc. J’ai également ajouté une bille de liège enfilée en force sur l’œillet de manière à ce que le point coulissant soit toujours en suspension, évitant ainsi les éventuelles algues, feuilles mortes, etc. qui pourraient être à l’origine d’un « bourrage » de l’œillet. Attention toutefois à choisir un œillet constitué d’un plastique suffisamment résistant pour subir les frottements à répétition de la tresse.


Détail du montage


Technique

L’exploration de la zone à prospecter se fera en éventail par des lancers successifs, ceci afin de couvrir une surface maximum en limitant le risque de passer à côté d’un spot intéressant. Commencez par lancer votre montage à sonder en formant un angle d’environ 30° avec la berge. Une fois que vous sentez que le plomb touche le fond, commencez à mouliner pour résorber la bannière jusqu’à ce que le flotteur arrive en butée du plomb. Donnez ensuite du mou par tranche de 50 cm (des graduations pourront être faites sur la canne afin de mieux appréhender la profondeur), jusqu’à ce que le flotteur apparaisse en surface. Suivant le nombre de fois que vous aurez concédé du mou, vous pourrez déterminer la profondeur à la verticale de votre flotteur. Moulinez à nouveau pour que le flotteur coule et arrive en butée du plomb, ramenez votre plomb d’un bon mètre, résorbez le mou et faites buter de nouveau de flotteur contre votre plomb. Donnez du mou par tranche de 50 cm jusqu’à la remontée du flotteur, etc.

Le marker float en action !

Procédez de la même manière en ouvrant l’angle de 5 à 10 ° et ainsi de suite jusqu’à se que la surface de votre poste soit entièrement couverte (cf. schéma ci-dessous). Le fait de ramener le plomb en le faisant traîner sur le fond, peut vous renseigner sur la nature du fond parcouru. En effet, des coups rapides et répétés ressentis sur le scion peut vous indiquer une tache de graviers, alors qu’une tirée nécessitant de forcer d’avantage de manière régulière peut correspondre à une traversée d’herbiers… Les sensations ressenties sont en général suffisamment « claires » pour déterminer un changement de substrat intéressant pour y déposer un montage


Prospection de la zone


Exploitation

Lorsqu’une particularité du fond nécessite d’être retenue, laissez remonter le flotteur à la surface afin de pouvoir lancer votre canne sur ce spot prometteur. Une fois votre montage disposé à l’endroit précis, il vous suffira de marquer votre ligne à l’aide d’un morceau de « Power Gum » (ou de caoutchouc roubaisien) qu’il vous suffira de clipser dans le clip fil du moulinet, vous permettant ainsi de pouvoir relancer systématiquement votre montage à la bonne distance. L’utilisation d’un repère visuel sur la berge d’en face (un arbre, une maison, etc.) vous permettra de conserver le bon angle, ceci est très utile surtout pour relancer de nuit. Dans le cas ou aucun élément visuel ne se dégage sur l’horizon, il vous suffira de planter deux piques, l’une devant vous l’autre derrière l’emplacement que vous utilisez pour lancer vos lignes. De cette manière, en dirigeant votre canne dans l’axe formé par ces deux piques, vous aurez l’angle exact à respecter pour lancer votre montage sur le spot découvert précédemment. Voilà, il ne me reste qu’à vous souhaiter de bonnes séances de sondages qui, croyez le, ne sont jamais du temps perdu…


Anthony & Grégory PITAUD